| QUESTION: Dans la région où j’exerce, nous tentons d’encourager la caractérisation des effluents d’élevage le plus possible lorsqu’on parle de déjections liquides. Le protocole de caractérisation du fumier solide est pour nous un problème : beaucoup de producteurs à gérer, pas d’outils ou de balances disponibles. De plus, la plupart des entreprises sur gestion solide ont assez d’espace au Bilan de phosphore pour permette d’utiliser l’Annexe VI. Par contre, en agissant de la sorte, nous devons nous baser sur des valeurs de références qui datent bientôt de 15 ans pour la production laitière. Compte tenu du fait que les rendements des cultures sont étroitement liés au bon fonctionnement économique des entreprises agricoles, que les plans de fertilisation sont basés sur les applications de déjections animales et par la suite d’application d’engrais, il devient à mon avis, de plus en plus gênant de « faire sauver » la caractérisation par l’utilisation de l’Annexe VI. En effet, on facilite la vie du producteur, mais au final si les valeurs de références traduisent très mal la réalité de la ferme, tout s’ensuit : mauvaises fertilisations organique et minérale et donc effet sur les rendements. Considérant qu’il y a un grand nombre de types de gestion liquide en production laitière : litière sur sable, litière sur paille, sur ripe, sur mousse de tourbe, sur mousse de tourbe traitée et remise sous les vaches et j’en passe, je trouve désolant que nous devions utiliser des valeurs de références qui ne collent pas à la réalité pour encore une fois faciliter la vie du producteur.
Toute cette introduction pour vous amener au point central de mon questionnement : la plupart des producteurs laitiers sur gestion liquide ont une infime partie du cheptel (habituellement les veaux et les vaches taries) sur gestion solide (communément appelé bed park) SUR LE MÊME LIEU D’ÉLEVAGE. Cette portion solide, si elle n’est pas mélangée dans la fosse, doit donc être caractérisée avec le protocole des fumiers solides. On parle ici de 5 % à maximum 30 % de la production annuelle, souvent la production de phosphore calculée avec l’Annexe VII est < 1600 kg. Même chose pour les producteurs avec litière de sable : le sable est très confortable pour les vaches, mais lorsque vient le temps de vider la fosse, même lorsqu’elle est très bien brassée, le sable retombe au fond et ce sont donc des épandeurs solides qui servent à la vidange de ce lisier saturé de sable. Donc, dans ces 2 cas, je dois faire peser des épandeurs à fumier, ce qui n’enchante pas du tout les producteurs qui abandonnent l’idée de caractériser, mais ça ne m’enchante pas plus parce que je n’ai pas de solution ou d’outil à leur fournir puisqu’il n’y a pas eu ou très peu d’avancées sur ce sujet depuis la sortie des protocoles de caractérisation. Considérant que le MDDELCC permet que l’on dépose un Bilan de phosphore contenant une charge caractérisée pour le lisier et une charge en valeurs CRAAQ lorsqu’il y a des animaux au pâturage, j’aimerais qu’on prenne compte de la réalité des producteurs et qu’on puisse utiliser la même façon de procéder pour les producteurs qui sont sur gestion liquide avec une portion solide < 30 % ou 20 % du volume annuel produit par exemple. Il me semble qu’en attendant d’avoir de meilleures méthodes de caractérisation des fumiers solides, ce serait une bonne façon d’encourager les producteurs à se lancer dans la caractérisation. J’aimerais savoir si cette façon de faire pourrait être prise en compte par le comité et aussi par quels moyens en tant qu’agronomes pouvons-nous faire cheminer cette idée. |